Un article sur la pleine conscience qui remet bien les pendules à l’heure
- Sur cette page :
- Ce que vous ne savez peut-être pas de la méditation et de la pleine conscience
- Naissance de la pleine conscience
- Qu’est ce que vraiment la pleine conscience ?
- L’attention source de plénitude
- Ce que n’est pas la pleine conscience
Ce que vous ne savez peut-être pas de la méditation et de la pleine conscience
J’ai commencé à pratiquer la méditation à l’âge de 15 ans à une époque où ce mot était tabou et le terme pleine conscience totalement inexistant. On considérait à cette période les méditants soit comme de doux rêveurs ou appartenant à une secte. Mais rien qui ne retenait l’attention du plus grand nombre.
Aujourd’hui, la méditation, que l’on nomme parfois à tort « méditation pleine conscience » (et nous verrons plus bas pour quoi *), fait désormais partie du quotidien au point d’en devenir une activité aussi mondaine que de se vanter de faire sa psychanalyse. De nombreux livres en parlent, les médias se sont emparés du sujet et les scientifiques ont déjà produit de nombreuses publications à ce jour.
Toutefois je dois avouer que ce que je lis ici et là dans les magazines m’interpelle. Il est évident que certains auteurs n’ont qu’une connaissance très sommaire de la pratique de la méditation.
Naissance de la pleine conscience
La notion de pleine conscience est apparue avec Jon Kabat Zinn dans les années 70. En effet, parler méditation réveillait de nombreuses résistances qu’il fallut contourner.
Aujourd’hui le mot pleine conscience est mis à toutes les sauces et il est de bon ton de dire que l’on pratique le MBSR. Comme disent les jeunes aujourd’hui « ça fait genre ».
Mais je ne suis pas certain pour autant que les personnes qui se défendent avec fierté de pratiquer le MBSR ou la pleine conscience ont réellement une compréhension authentique de ce qu’est la méditation.
Qu’est ce que vraiment la pleine conscience ?
Beaucoup vont être déçus en lisant ces lignes parce que, dans le fond, une fois compris et mis en application, la pleine conscience est d’une simplicité enfantine. Naturellement, cela ne veut pas dire qu’elle est sans intérêt, bien au contraire. Je dirai même que dans le panel extraordinaire de toutes les pratiques associées à la méditation, elle est sans aucun doute la plus importante.
Mais il convient de rappeler que « ce qui est simple ne veut pas forcément dire facile ».
Oubliez un instant tout ce qu’on vous a dit, tout ce que vous savez sur la pleine conscience, ou le MBSR. Pratiquer la pleine conscience ne nécessite aucune connaissance particulière, ni de faire de longues études. Pas plus que cela demande un trait de caractère particulier puisqu’en réalité, il s’agit en fait d’entraîner une faculté que nous possédons tous : l’attention.
Hé oui, ce n’est rien d’autre que cela, de l’attention.
Le prêtre Thailandais Dhiravamsa a écrit un fameux livre qui n’est plus édité dont le titre résume toute l’importance de cette pratique « l’attention source de plénitude ».
Oui la pleine conscience est tout simplement l’éveil de l’attention.
L’attention source de plénitude
Lorsque nous traversons la rue, nous devons faire attention pour ne pas être renversés par une voiture. Cette attention nous permet de faire le choix de traverser ou non en fonction de la situation, autrement dit d’être approprié, qui est la définition même de la sagesse selon les bouddhistes. Mais comment être approprié à une réalité dont nous ne sommes pas conscients la majeure partie du temps. En effet ici notre attention n’est portée que sur l’extérieur. Nous ne pouvons donc avoir seulement conscience que de cet aspect de la réalité qui, comme nous le verrons, n’est pas réellement telle qu’elle nous apparait.
Par contre si nous nous exerçons à être aussi (et pas seulement) attentif à ce qui se passe en nous, nous allons pouvoir en « pleine conscience », choisir librement de ne plus suivre nos pensées. Et donc progressivement d’être de plus en plus libre de la charge émotionnelle qui leur sont liées. Autrement dit, nous allons nous libérer de ce que les sages appellent « les obscurcissements mentaux. Ou de nos conditionnements si vous préférez. Nous accéderons ainsi à une conscience plus claire et bien plus vaste de la réalité en soi.
Mais ce n’est pas tout.
Notre capacité à percevoir ces « évènements mentaux » nous permettra en même temps d’être un peu plus conscients de la façon dont nous créons sans le savoir notre vie, dans la souffrance comme dans le bonheur, et donc de devenir un peu plus habile à créer le second.
L’autre aspect de la pleine conscience, donc de l’attention, et sans aucun doute le plus important, c’est de réaliser notre véritable nature au-delà de toutes manifestations mentales. Mais ça c’est un autre sujet.
Ce que n’est pas la pratique de l’attention ou de la méditation
Pour résumer, la pleine conscience n’a pas pour objectif de nous enfermer dans une réalité différente de cette que nous vivons, mais de nous aider à ouvrir les yeux afin que nous soyons capables de voir la réalité telle qu’elle est, sans jugement ni appréciation personnelle, exempte de toute projection ou image mentale. Elle permet en effet de réduire le fossé qui nous sépare de notre perception habituelle et de la réalité.
Elle nous permet donc de fait d’accéder à une vue plus claire de cette réalité.
« Pour l’être ordinaire il y a autant de monde qu’il y a d’individu, pour l’être accompli il n’existe qu’un seul monde » Epictète d’Éphèse
En état ordinaire nous percevons le monde par l’intermédiaire de nos sens et de l’interprétation que fait notre mental de ces perceptions. Nous vivons, sans le savoir, dans une sorte de bulle faite de croyances, d’idées et de concepts de toutes sortes à partir desquels nous construisons notre vie. Mais lorsque les circonstances adverses viennent mettre à mal nos certitudes et nos croyances, nous nous sentons complètement désarçonnés. Parce que nos croyances, aussi belles et aussi élaborées soient-elles, ne reposent pas sur des bases valides.
C’est tout le défi qui s’offre à l’être humain que de réaliser sa vraie nature et de construire son bonheur sur une perception claire de la réalité, telle qu’elle est, et ainsi d’assurer à ce bonheur une solidité et une fiabilité dans le temps.
* Note : nous ne pouvons parler de « méditation pleine conscience » puisque le mot « pleine conscience » était destiné à remplacer le mot « méditation ».
Bruno Lallement auteur de « Quand la vague réalise qu’elle est l’océan », conférencier depuis 1987 et accompagnateur.
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